L’hypersensibilité fait partie du « package » de l’autisme. Mais savez-vous qu’il existe en existe plusieurs types ? Et ce qui se cache derrière les hypersensibilités ? Ouïe très fine, toucher presque impossible, pleurs démesurés ou au contraire, excitation intense, les hypersensibilités sont propres à chaque personne et compliquent bien souvent le quotidien. Bien au-delà d’une simple réaction un peu vive à certaines stimulations, il s’agit parfois d’un véritable handicap qui conduit à des épisodes de surchage assez désagréable. Zoom sur les différents types d’hypersensibiltés, et comment s’en dépatouiller !
Quelles sont les différents types d’hypersensibilités ?
Il faut distinguer 2 types d’hypersensibilité : l’hypersensibilité sensorielle et l’hypersensibilité émotionnelle. Et les autistes sont bien souvent dotés des deux, de manière très fluctuante !
L’hypersensibilité sensorielle
L’hypersensibilité sensorielle concerne les sens, c’est-à-dire la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher. Elle se manifeste principalement par des réactions disproportionnées à des stimuli extérieurs. C’est le fameux cas des coutures et étiquettes de vêtements qui grattent, même coupées par exemple ! Ou de la caresse sur le bras ressentie comme une agression violente.
TOUT, peut être source de désagrément en fonction de sa sensibilité. D’ailleurs, je vous parle ici d’hypersensibilité, mais les autistes peuvent tout aussi avoir des hyposensibilités : absence de douleur, recherche de certaines odeurs fortes, ne manger que très épicé, attirance pour les couleurs très vives, etc. Il n’est pas rare de cumuler hyper et hyposensibilités sensorielles. Bah oui, on n’est pas à un paradoxe près ! Ici, le raptor ne supporte pas qu’on le frôle ou le touche, mais il ne s’est pas rendu compte de quoi que ce soit quand il s’est…fracturé le bras 😕
Le principal problème de ce type d’hypersensibilité, c’est que la surcharge sensorielle peut arriver (très) rapidement selon l’environnement. Cela entraîne une saturation complète pour la personne qui doit alors gérer ce sentiment d’être envahie, ou agressée.
L’hypersensibilité émotionnelle
L’hypersensibilité émotionnelle est généralement mieux connue. Il s’agit de ressentis exacerbés face à une émotion positive ou négative. Parfois difficiles à reconnaître, ces émotions sont souvent “prises de plein fouet” par la personne autiste. Il est alors nécessaire d’apprendre à les gérer pour les accueillir et savoir réagir.
Il y a donc un vrai travail d’apprentissage à faire avec la personne autiste, à l’aide de pictogrammes, de livres ou de vidéos pour savoir nommer les émotions. Et oui, sans mot pour la décrire, impossible d’identifier la joie, la colère, la peur ou encore la jalousie ! Les livres pour enfants tels que Gaston la licorne ou Petit Zen sont idéaux pour les petits comme pour les grands.
Vient ensuite un travail de reconnaissance des sensations et réactions provoquées par la joie, la colère ou encore la peur. D’abord pour ne pas être pris au dépourvu, mais surtout pour savoir “quoi en faire”. Les “crises” souvent associées aux enfants autistes sont souvent une manifestation de cette hyper sensibilité qu’ils ne savent pas gérer.
Qu’est-ce que la surcharge sensorielle ?
La surchage sensorielle correspond à un « trop-plein » de stimulations. C’est un moment où il n’est plus possible de traiter la moindre information sensorielle, et où il faut trouver un moyen d’évacuer les sensations qui en découle. Ainsi, il n’est pas rare de se sentir oppressé, mal à l’aise, submergé même. Voire en colère ou déprimé.
En conséquence, une grande anxiété et la fatigue qui en découle. Et un besoin vital de s’isoler et/ou de se consacrer à ses intérêts restreints pour apaiser ces “tensions” ou de décharger ce “trop plein”. Il faut imaginer que vous entrez et restez dans une pièce où joue une musique techno à fond, avec des stroboscopes, un tas de gens qui vous bousculent et où flotte une odeur de graillon. Peu agréable et fatiguant, non ? C’est pareil au quotidien pour les personnes autistes, quand elles rentrent dans un magasin par exemple.
Comment se manifeste la surcharge sensorielle ?
Il y a évidemment plusieurs façon de faire face à cette situation. Certains vont littéralement exploser (les fameuses « crises » des enfants, mais aussi des adultes), d’autres vont revêtir leur plus beau masque social s’ils ne peuvent s’échapper de la situation. Un repli complet sur soi est aussi possible, tout comme des stéréotypies très fortes (tourner en rond, se balancer, chantonner, se gratter à mort, se tordre les doigts, etc.). Bref, c’est en vivant avec un ou une autiste que vous arriverez à repérer « les signes ». Sûrement avant la personne en question d’ailleurs ! 😅
Comment limiter les risques de surcharge sensorielle ?
Il est primordial de veiller à créer un environnement tenant compte de ces hypersensibilités et de proposer les aménagements adéquats : casque audio, lunettes de soleil, vêtements sans coutures, cuisine séparée de la pièce de vie, etc. Au-delà du matériel, il faut absolument aménager son emploi du temps pour se laisser le temps nécessaire pour récupérer après des « événements » épuisants. J’impose par exemple les visites à nos familles le samedi, afin d’avoir le temps de décharger suffisamment le dimanche pour pouvoir commencer une nouvelle semaine à peu près sereinement.
Parce que le risque, c’est d’encaisser non-stop et de ne pas faire attention à ses propres besoins pendant des semaines, des mois, des années. Et de finir par faire un méga burn-out.
Quelques astuces pour bien vivre l’hypersensibilité
- Envoyer valser les « normes sociétales ». Vous ne supportez pas le bruit ? Rien ne vous oblige à sortir en boite de nuit, à aller faire vos courses au supermarché ou à aller boire un verre dans un bar. A la place, organisez une soirée chez vous ou chez vos amis, avec 2 ou 3 personnes et seulement le temps d’un dîner. Faites des drive (ça m’a littéralement sauvé la vie !), regardez la tv en coupant le son mais avec les sous-titres, dormez seul(e), etc.
- C’est la lumière qui vous pose le plus problème ? Lunettes de soleil, même en intérieur ! Les odeurs vous agressent ? Hop, cuisine séparée, et si vous en avez la possibilité, cuisinez dehors, sur votre terrasse ou dans votre jardin.
- Soyez indulgent avec vous-même ;
- Apprenez à connaître vos limites pour pouvoir anticiper au mieux vos besoins et réactions.
En bref, créez un environnement personnalisé, adapté à vos besoins, ceux de votre enfant ou de votre proche autiste. Il faut que votre maison, votre appartement, soit votre cocon, un espace « safe » et ressourçant. On s’en fout si vous avez 18 plaids éparpillés partout ou que vous chantiez du Gilbert Montagné à tue-tête pour décharger après une journée difficile. Vous avez même le droit de vous rouler en boule dans un coin coupé du monde extérieur !
Et quand différentes hypersensibilités au sein d’une même famille se confrontent, se n’est pas toujours évident ! ^^
Bravo pour ce blog 🙂
Merci pour ce très bon article : on sent beaucoup de vécu et de moments compliqués derrière ces explications très claires !
Je ne savais pas que l’hypersensibilité sensorielle était à ce point rattachée à l’autisme. Je comprends mieux certaines choses maintenant. Merci