Depuis presque 2 ans maintenant, j’essaie de me remettre d’un énorme burn-out autistique. Du genre qui vous envoie en hôpital psychiatrique. C’est mon corps qui a d’abord lâché, je vous passe les détails, mais entre anorexie mentale, troubles digestifs et épuisement, je n’ai pas pu quitter mon lit pendant des semaines. Ensuite, j’ai réussi à me traîner péniblement dans le canapé histoire de faire acte de présence auprès de mes enfants. Bref, horrible. J’ai eu évidemment un suivi psychiatrique avec toute une collection de médicaments, de l’anxiolytique au neuroleptique en passant par les somnifères et les anti-dépresseurs. Vous imaginez bien la loque humaine que j’étais devenue. Et la plupart des troubles physiques étaient toujours là. En désespoir de cause, j’ai fini par chercher des solutions alternatives pour aller mieux. Après moults essais, j’ai trouvé que la méditation est idéale pour une autiste en roue libre.
Comment je suis tombée dans la méditation, moi l’autiste réfractaire ?
Il faut savoir que je suis hyper réfractaire à ce genre de choses à la base : le yoga, la méditation, la sophrologie, l’hypnose, en gros, tout ce qui demande un minimum de lâcher-prise, ce n’était pas pour moi et ça m’ennuyait ferme.
Un programme de sport…et de bien-être
Pourtant, la méditation a réussi à faire sa place petit à petit. En fait, ça vient d’un programme de sport à la maison (T12S si vous voulez y jeter un œil) auquel je me suis inscrite parce qu’entre autres désagréments, tous ces traitements m’ont fait prendre…17 kg !! Et ce programme incluait 3 séances de méditation qu’il était fortement conseillé de suivre pour optimiser la perte de poids.
Autant vous dire que j’y suis allée un peu à reculons, genre ok, si ça peut vous faire plaisir. J’ai mis mes écouteurs, suivi la séance de méditation guidée et…rien 🤷♀️ Pas de révélation. J’ai poursuivi pour respecter à la lettre le programme (on est autiste ou on l’est pas 😉). Et contre toute attente, j’ai commencé à intégrer que la méditation était un moyen d’incarner un peu mon corps, lui que je n’investis que très peu, préférant penser, réfléchir, décortiquer. J’intellectualise absolument tout, et la méditation rééquilibre un peu tout ça.
A la recherche de la méditation perdue
En effet, je me suis rendue compte que les jours de méditation, je n’avais plus de surcharges, je supportais mieux les soirées animées et bruyantes avec mes deux raptors. Alors j’ai creusé : méditation pour mieux dormir, je me suis endormie sans même prendre de somnifère ! Méditation en pleine conscience, méditation pour réduire le stress, méditation pour avoir plus d’énergie : j’ai tout testé 😅 En quelques semaines, j’ai constaté une réduction de mes troubles digestifs, de mes douleurs physiques, et surtout l’apparition de nouveaux ‘réflexes’ quand je sens un shutdown pointer le bout de son nez.
Et vous imaginez bien que j’ai surtout cherché des sources validant les réels bienfaits de la méditation pour les autistes ! Il me fallait des preuves.
Les bienfaits de la méditation pour les autistes
La méditation apporte un calme, une sérénité, qui fait souvent défaut aux autistes😉Véritable hygiène de vie à adopter, fonctionnement, quels sont ses bénéfices ?
Méditation autiste : des bienfaits oui, mais lesquels ?
Les bienfaits de la méditation ne sont plus à démontrer de manière générale. Enfant, adulte, ado, personne âgée, valide, invalide, atypique, neurotypique, et même les animaux, tout le monde en profite. Mais pour nous, je pense que la méditation offre surtout un outil absolument génial pour améliorer la qualité de vie des autistes. En effet, parmi les bénéfices de la méditation, je peux citer :
- un impact sur la perception et la sensibilité à la douleur ;
- une réduction de la réactivité à des stimuli stressants ;
- des interactions sociales moins épuisantes ;
- une meilleure réponse immunitaire ;
- une reconnexion entre le corps et l’esprit ;
- moins d’anticipation anxieuse et de sensation de stress permanente.
Le stress, l’anxiété, l’angoisse, je pense que nous sommes nombreux à l’expérimenter au quotidien. Et il faut bien l’avouer, ce n’est pas toujours simple à gérer. Nous sommes souvent démunis face aux sensations dans notre corps et aux manifestations physiques (hyperventilation, cœur qui bat à 3 000, tics, troubles digestifs et même malaise). Quand cela devient chronique, ce sont les troubles du sommeil qui s’installent, le trouble anxieux généralisé qui s’invite, et toute autres joyeusetés que vous connaissez bien. La méditation est une vraie solution pour gérer le stress et vivre plus sereinement.
Réconcilier le corps et l’esprit
Autre intérêt majeur de la méditation pour les autistes : réconcilier le corps et l’esprit. Vous savez aussi bien que moi que ces deux-là ont parfois (souvent !) du mal à communiquer et se comprendre. L’exemple le plus flagrant je pense, ce sont les hypersensibilités. Qu’est-ce qui prend à notre cerveau de croire qu’une étiquette de vêtement est une agression façon grattage avec un râteau ? 😨 Ou pourquoi il est si difficile d’identifier une émotion, ou au contraire, de ne pas paniquer quand on sent un truc “bizarre” dans notre corps ? Bref, la tête et le corps fonctionnent un peu chacun de leur côté, et ça, ça marche pas super bien 😅
Les séances de méditation permettent de créer un lien entre le corps et l’esprit grâce à la pleine conscience, c’est-à-dire pendant lequel vous êtes focalisé sur l’instant présent et vos sensations (attendez-vous à ce que ce ne soit pas forcément facile ni agréable au début !).
Qu’est-ce qu’il se passe concrètement lors de la méditation ?
Tout se passe au niveau du cerveau. C’est parti pour des explications un peu techniques 😉 La méditation active 4 zones du cerveau :
- le cortex préfrontal latéral : c’est lui qui module nos expériences émotionnelles et ralentit notre tendance à tout prendre personnellement ;
- le cortex préfrontal médial : c’est lui qui traite les informations relatives à vous et à vos relations avec les autres. Il se divise en 2 parties : une qui augmente la tendance à la rumination et l’inquiétude, l’autre qui concerne l’empathie ;
- le cortex insulaire, ou insula : c’est lui qui contrôle les sensations du corps en expérimentant les émotions au niveau intestinal. Les maux de ventre quand vous êtes stressé, c’est lui ! ;
- et enfin l’amygdale : c’est le système d’alarme, l’instinct de survie. C’est elle qui dicte les réflexes de fuite ou de lutte face à une situation perçue comme dangereuse.
Vous commencez à voir comment la méditation aide les autistes ? 😉
Dans un cerveau qui ne médite pas, le cortex préfrontal médial présente de fortes connexions avec l’insula et l’amygdale, et au contraire, une faible connexion avec le cortex préfrontal latéral. Cela explique pourquoi il nous arrive de nous enliser dans une boucle de pensées négatives et d’avoir des réactions excessives à certains stimuli et situations. En quelque sorte, la “peur” domine.
La pratique régulière de la méditation permet de diminuer les connexions entre le cortex préfrontal médial, l’insula et l’amygdale, et d’augmenter la connexion avec le cortex préfrontal latéral. Vous savez, celui qui régule et nous rend plus rationnel 😕 La conséquence immédiate de ces modifications est la diminution de l’anxiété. Un rêve, non ?
Comment se mettre à la méditation si vous êtes autiste ?
Vous êtes encore là ? Alors voyons comment débuter la méditation si vous êtes autiste.
Chi va piano va sano !
Inutile de vous lancer d’emblée dans une méditation guidée de 30 minutes ! Cela risque au choix : de vous ennuyer, de vous angoisser, de vous dégoûter. L’idéal est de commencer par des séances de 5 à 10 minutes. C’est amplement suffisant pour découvrir et apprivoiser les premières sensations et émotions. Vous pouvez même débuter par seulement 2-3 minutes de respiration en pleine conscience. Aucune pression, vous faites ce que vous pouvez, à votre rythme.
Soyez indulgent avec vous-même et patient. C’est dans la régularité que vous tirerez les bienfaits de la méditation. Il vaut mieux faire 5 minutes de méditation tous les jours qu’une seule fois 40 minutes.Quand vous vous sentirez plus à l’aise, vous pourrez faire des séances plus longues.
Quelques exemples de méditation guidée
Pour débuter, je trouve qu’il est beaucoup plus simple de choisir des méditations guidées. Elles donnent un cadre et vous n’avez “plus qu’à” suivre la voix. Voici une petite sélection de mes préférées, n’hésitez pas à partager les vôtres :
- la méditation de la chenille, méditation pour enfant autiste ;
- la méditation détente profonde de la chaîne Happy Coach by Aurélie ;
- la méditation guidée pour bien dormir, de la même chaîne ;
- la balade dans la jungle, pour les enfants. C’est une de mes préférée, même à 34 ans !
Selon moi, la méditation devrait être proposée systématiquement au patient autiste par les professionnels de santé, avant de nous proposer un florilège de cachets qui ne font que masquer les problèmes du quotidien. Pour les adultes qui n’ont pas eu la chance d’avoir un suivi enfant, c’est une alternative qui apporte un véritable calme.
Très intéressant le passage où tu expliques quelles zones du cerveau sont activées lors de la méditation 🙂
J’ai appris beaucoup de choses grâce à ton article, et je te remercie pour ce partage !
J’adore la méditation, mais je n’avais jamais pensé à la proposer en cas d’autisme,
C’est pourtant évident, à la lecture de cet article !
Est-ce qu’il y a des types de méditations qui sont selon vous plus pertinents que d’autres pour accompagner l’autisme ?
Et est-ce que c’est valable quelle que soit la forme d’autisme (ex: autiste Asperger)
La méditation pleine conscience me semble la plus appropriée, les sont plus difficiles à mettre en place. Je pense que toutes les formes d’autisme tirent des bénéfices de la méditation. Avec ou sans déficience, verbal ou non, elle apporte au moins un profond sentiment de détente. Dans les cas les plus sévères, passer par les intérêts restreints permet de ‘capter’ l’attention. Dans la méditation de la chenille avec mon fils par exemple, la chenille est un iguanodon 😅